Connaissez-vous le PFC? Non pas le perfluorocarbure, pas plus le Paris Football Club, mais l’acronyme de Perfect Fit Content. Ce «contenu parfaitement adapté» est une trouvaille que vous expérimentez peut-être déjà sans le savoir…

L’avènement d’internet et des innovations technologiques à cadence resserrée ont bouleversé le milieu musical depuis les années 90. En 2023, le marché de la musique enregistrée a représenté 26,16 milliards d’euros de chiffre d’affaires. Les plateformes de streaming musical ont généré la moitié de ce montant et elles engrangent plus de cinq cents millions d’abonnements payants. Parmi ces plateformes, Spotify, fondée par un duo suédois, trône en tête avec plus de 30% de parts de marché.

Un de leurs atouts réside dans les innombrables playlists disponibles, même si une liste d’écoute n’est pas une chose neuve, les radios en utilisent depuis belle lurette et les particuliers s’y sont mis avec l’apparition de la cassette enregistrable dans les années 60. En vue d’optimiser son bénéfice, Spotify a inventé pour ses playlists dites d’ambiance le «Perfect Fit Content», déjà repéré en 2016 mais peu discuté. En bref, des (bas) morceaux aux droits d’auteur limités, car composés par des musiciens anonymes affublés de pseudonymes à usage unique, de la musique au kilomètre en quelque sorte. A titre d’exemple, leur playlist Jazz Cool reprend six cents morceaux dont 90% sont — osons un gros mot — l’œuvre de ces artistes fantômes! Les potentialités de l’intelligence artificielle menacent évidemment d’accentuer le phénomène.

Patron de Spotify, Daniel Hek n’a guère d’égard pour les artistes, ses déclarations (nausé)abondent où il les réduit à des producteurs, jetables et interchangeables, de contenus qui alimentent un flux audio. On ne parle plus de musique, on se situe dans une marchandisation à tout va avec son corollaire qui est une consommation irréfléchie. De quoi relativiser l’idée que les playlists des plateformes jouent un rôle crucial pour la découverte musicale et la promotion artistique dans l’univers numérique actuel.

Pour en apprendre davantage sur le sujet, nous vous conseillons de lire un excellent article du non moins excellent “Les Jours”, média français indépendant. En accès libre ici: 

https://lesjours.fr/obsessions/la-fete-du-stream-6/ep1-bonnes-feuilles-pelly

Venons-en au fait: les concerts restent des moments privilégiés pour écouter du jazz et le vivre. Dans ces colonnes, nous vous présentons Uhoda Jazz à Liège avec une idée de parcours. Si vos oreilles sont en reste, sachez que l’organisateur propose, mais oui!, une playlist officielle, disponible sur… Spotify — nobody’s perfect! Et le 16 mai, Fabrizio Cassol et Kris Defoort donneront un concert spécial au JP’s pour les 20 ans du club. Sans artifice pour vendre l’événement, sans album à promotionner, sans prix d’entrée exorbitant. Une musique inédite, le plaisir de l’instant, le goût de la surprise, la joie de la rareté. Ne passez pas à côté de «ça»!

JO