Abbey Lincoln, Nathalie Loriers, Pauline Leblond… trois jazzwomen qui se succèdent en couverture de Hot House. Et trois générations différentes. Normande d’origine et néo-liégeoise, Pauline Leblond fait partie de cette vague d’artistes venus de l’étranger, souvent pour suivre l'enseignement d’un des deux conservatoires de Bruxelles, et choisissant la capitale comme base de leur carrière. Depuis les années 2010, cette vague, loin de nous submerger, a densifié et enrichi toute la scène belge. Nous accueillerons la trompettiste, bugliste et cornettiste dans nos murs garnis de disques pour une session Blue Afternoon le 16 décembre. En octobre dernier est sorti L’Oubli, deuxième album de son Double Band qui réunit un quartet jazzet un quatuor à cordes, reliant jazz et musique baroque. Elle a d’ailleurs un goût prononcé pour les formations élargies, participant notamment à Flat Earth Society, au big band de la Jazz Station ou à the Umlaut Big Band. Peut-être un indice sur la musique qu’elle souhaitera nous partager.
En prononçant le nom de Mal Waldron, on évoque (presque) aussitôt une femme encore, Billie Holiday. Le dernier pianiste de la chanteuse fut une formule réductrice et ressassée tout au long de sa longue carrière. Son parcours sur la fin fut lié à une autre femme en la personne de Jeanne Lee. De l’une à l’autre, Waldron a façonné son style et promené son élégance en rencontrant des esthétiques des plus diverses dès ses débuts. Formé à la composition et au piano classique, il se retrouve membre du Jazz Workshop de Charlie Mingus en 1954 puis collabore avec John Coltrane à partir de 1957. Ce n’est pas ici que nous irons plus loin à propos du compositeur de Soul Eyes et Left Alone qui mourut à Bruxelles en 2002. Une soirée vidéo vous attend le 12 décembre. En fin d’année, la tendance est à dresser des bilans. Nos trente ans et leurs nuances de bleu semblent déjà loin et 2025 ne fut pas exactement une annus magnificus. Le milieu culturel — pas le seul ! — en sort écharpé.
Nous avons plus qu’une pensée pour la Médiathèque Nouvelle, l’institution et son personnel, parce que mémoire, patrimoine, transmission ou pérennité sont bien davantage que des mots pour nous, une réalité du quotidien conjuguée au présent et au futur. L’annonce pour le moins brutale de l’arrêt de toute subvention de la Fédération Wallonie Bruxelles condamne l’association à l’horizon 2027 alors que 2026 correspond à l’anniversaire de ses 70 ans. Fête défaite.
La disparition récente de Jean-Claude Guillebaud, grand reporter et grande figure de la presse, mais aussi éditeur et essayiste fait écho. Les titres de ses derniers ouvrages composent un programme inspirant pour notre suite: Le Principe d’humanité, Le Goût de l’avenir, La Refondation du monde, Le Tourment de la guerre, Sauver la beauté du monde et Entrer en douceur.
JO